L’activité devenait de plus en plus calme à Tilmouth Well Roadhouse. Quand l’opportunité de changer de site s’est présentée nous avons rapidement accepté… D’autant qu’on nous avait promis – en acceptant l’offre – de travailler plus et de vivre dans un cadre magnifique… Après trois mois passés sur la Tanami Track nous étions prêtes pour de nouvelles aventures.
Nous vivons et travaillons désormais à Glen Helen Lodge ! Vous aurez noté qu’on ne parle plus de « roadhouse » mais de « lodge » – « ça sonne mieux » mais la différence ne s’arrête pas là.
Welcome to Glen Helen!
Nous sommes toujours au milieu de l’Australie mais plus proche d’Alice Springs (à 1h15 en voiture). La route pour y arriver n’est plus une ligne droite infinie ; elle relève plus du grand huit – virages sur virages, montée, descente… cela n’a pas empêché notre chauffeur d’aller quand même à 140km/h avec sa voiture #tank – pour nous y accompagner – « no worries » : c’est leur devise ! C’était comme une route corse (lors d’un rallye) ! Le bush rappelle d’ailleurs parfois le maquis… j’ai l’impression que quel que soit l’endroit où nous nous trouvons dans le monde, une version très semblable existe sur l’Île de Beauté. J’ai d’ailleurs fait une cure de chants corses en me promenant dans le bush ; ils se marient très bien avec les grandes étendues et le sentiment de ressourcement que procure la terre d’ici.
Bref, à l’arrivée, l’environnement est impressionnant. Nous sommes en plein parc naturel – MacDonnell Ranges National Park – une chaîne montagneuse vieille de 800 millions d’années. Le lodge se trouve face aux gorges Glen Helen et au milieu coule une rivière. L’ambiance est idyllique et bucolique. En arrivant nous prenons un verre pour fêter ce nouveau départ et profitons du coucher de soleil qui renforce le rouge de la roche s’imposant face à nous ; les couleurs sont chaudes et ajoutent encore plus de beauté à ce panorama magique.
Après des au revoir plus douloureux que je ne le croyais de Tilmouth et une route assez longue, l’arrivée est une récompense. Pour l’anecdote, nous avons recroisé la première personne qui nous avait parlé en arrivant depuis Sydney à Alice Springs. Un miracle s’est produit : nous l’avons comprise comme si cette fois elle avait un décodeur intégré ! Trois mois dans le désert : le remède miracle pour comprendre tous les accents possibles… même les plus improbables !
D’un bush à l’autre sans transition
A présent notre clientèle est touristique. Cela marque un grand changement. Nous étions habituées à travailler auprès d’une clientèle locale, majoritairement composée d’aborigènes et de travailleurs. La différence s’est rapidement fait sentir (d’un point de vu auditif, rythmique et j’ajouterais olfactif…). Dès la première soirée j’ai d’abord été étonnée puis désagréablement surprise par le bruit permanent des vacanciers. Une impression de devoir subir la présence « des autres ». Le site manque cruellement d’une zone extérieure réservée aux employés. Lorsque l’on souhaite s’installer dehors – pour dîner, lire, écrire ou juste s’aérer… cela ne peut pas être en toute intimité. J’ai donc perçu les tous premiers jours comme une agression. Quand lors de ma première journée (passée au service du petit déjeuner) un groupe de personnes âgées nous a fait un hug avant de reprendre la route – alors que je les voyais pour la première fois – j’ai également eu du mal à trouver cela gentil ou mignon… Le bush m’a rendu (encore plus) sauvage !
Autre particularité : nous accueillons tous les jours des français. C’est incroyable comme nous voyageons partout. Un jour une touriste australienne m’a dit : « Is France so bad ?! » car elle avait apparemment croisé de nombreux jeunes français également en Visa Vacances Travail. Je trouve au contraire que c’est la preuve que nous avons de la chance d’être français ! Avec les Belges et les allemands c’est la nationalité européenne que l’on accueille le plus. Cela s’explique sans doute par notre niveau de vie et nos nombreuses semaines de vacances. Donc j’ai répondu à cette charmante dame qu’au contraire on était privilégiés (et qu’elle ferait bien d’aller faire un tour dans l’Hexagone pour le constater de ses propres yeux).
Cela fait maintenant environ deux semaines que nous avons changé de décor. Je commence à m’habituer à croiser du monde quel que soit le lieu et l’heure – sans pour autant en tirer satisfaction. Pour l’instant il est difficile de dire que cette expérience est meilleure ; elle est très différente. Il y avait de bons et de mauvais côtés à Tilmouth tout comme ici. Parmi les très bons points d’ici : l’équipe – qui cette fois est composée de personnes dîtes « normales » dans le sens pas déséquilibrées- et ça fait du bien… ils viennent d’Australie, Angleterre, Indonésie, Chili, Allemagne et de Chine). Un vrai melting pot ! Autre point positif : j’ai la possibilité de faire un jogging tous les jours sur un sentier idéal avec un panorama somptueux – un bonheur à portée de main. Enfin, les repas sont meilleurs – on a droit en plus à divers fromages qui pourraient être français tellement ils sont bons et régulièrement à des parts de gâteaux (mud cake, carrot cake, banana bread…) et surtout nous travaillons plus.
Je ne pensais pas qu’avec Agathe on se ferait à ce point au bush – version 100% pur jus et non touristique – au point d’en regretter déjà son silence et de sentir la nécessité de s’écarter du site pour retrouver le calme. C’est sans doute un mal nécessaire car la transition aurait été d’autant plus violente si on était passées de Tilmouth à une ville lambda…
Agathe souhaite d’ailleurs aller à Tokyo dans les mois qui viennent, il va lui falloir une vraie préparation mentale… ^^
N’hésitez pas à me laisser un commentaire ou à me poser vos questions ; ça se passe un peu plus bas ! 🙂 Cheers !
6 Commentaires
Grazou
11 octobre 2018 at 12 h 51 minTu décris tellement bien les sensations vécues dans le bush australien.
Sentiment de nostalgie intense en regardant la première photo… Il y a un peu plus d’un an, je me tenais sur la bordure sablonneuse à gauche de la photo…
Ton article m’a beaucoup fait rire : le décodeur intégré, c’est tellement ça ! Les déséquilibrés et l’olfactif, là j’ai beaucoup ri et surtout bien compris…. !
Je comprends aussi ton sentiment d’agression, ce n’est peut-être pas plus mal de vivre cette transition avant ton retour en France.
Tu as également découvert la méditation inhérente à la vie dans le désert… Je sens ton évolution à travers tes mots, ton authenticité et ton sens de l’humour ma sauvage ! Merci de nous faire (re)-vivre tout ça.
Clémence
14 octobre 2018 at 14 h 00 minMerci encore ma Grazou, ta lecture et ton commentaire me font très plaisir. Je suis contente aussi de savoir que l’on a partagé les mêmes sensations dans cet environnement tellement différent de ce que l’on connaît. Ca fait bizarre de savoir que tu as vu ce décors. Tu m’avais prévenu et je te remercie car sans tes conseils nous ne serions pas en train de vivre cette expérience unique avec Agathe.
mamounia
28 septembre 2018 at 15 h 24 minExcellent article, comme d’habitude, très intéressant avec la pointe d’humour qui va bien !!
j’adorerai vivre toutes ces expériences
plein de bisous de la petite France
Clémence
30 septembre 2018 at 1 h 01 minMerci beaucoup Mamounia. 🙂 C’est une expérience très différente de tout ce que nous avons pu vivre jusque là. Dans quelques mois on s’en rendra encore plus compte ! Oui, je crois aussi que l’immensité du bush, ses couleurs et son silence pourraient te plaire. Gros bisous
Agathe
23 septembre 2018 at 4 h 58 minTrès bon article! Je sais que je dois réapprendre à apprivoiser les gens avant d’aller à Tokyo. Je ferais de mon mieux pour ne pas imploser. Le bush : grand changement!!
Clémence
24 septembre 2018 at 5 h 46 minMerci pour ta lecture Mo. Cela me fait très plaisir.
D’ici là on aura vu du pays et du monde ! 🙂